Il existe désormais une multiplicité de courants psychanalytiques, psychothérapeutiques, psychologiques et de thérapies. Ce foisonnement est d’une grande richesse pour les patients qui peuvent ainsi trouver le thérapeute et la méthode qui leur conviennent le mieux. Mais il est aussi source de confusion et de doutes : « quel courant, quelle méthode serait la plus «efficace» pour moi ?».
Classiquement, je réponds que ce n’est pas tant la méthode, ou la grille de lecture de la psyché qui importe le plus, mais la qualité du lien thérapeutique entre le thérapeute et son patient. Mais cela n’est également pas suffisant.
Personnellement, je fonde ma pratique professionnelle sur trois piliers : la Thérapie Transpersonnelle, la Thérapie Existentielle et la Thérapie Humaniste.
L’évolution permanente de ma réflexion
Je pars du principe que chacun des grands défricheurs de l’inconscient a apporté des avancées considérables ; je n’en rejette donc aucune. Chacune de mes lectures, recherches et formations éclectiques contribue à nourrir ma réflexion et ma pratique, qui continue ainsi d’évoluer et de s’enrichir au fur et à mesure des années.
J’ai d’abord suivi une longue ( et passionnante) psychanalyse avec une praticienne freudienne, mais qui, déjà, n’était pas si orthodoxe car la philosophie prenait une large part de nos séances !
Puis je me suis tournée vers la psychanalyse jungienne avec intérêt et me suis formée à des outils thérapeutiques, comme le Dialogue Intérieur et la Respiration Holotropique.
Mes trois piliers, mes trois thérapies
La Psychothérapie Humaniste
C’est un courant de la psychologie, né dans années soixante, où l’on considère l’être humain, et donc le patient, comme rempli de ressources intérieures : le thérapeute se positionne d’abord comme un accompagnateur («accompagner = être compagnon de») de son patient, en s’appuyant sur la responsabilité, l’engagement et les ressources de ce dernier. Cette «approche centrée sur la personne», développée par CarlRogers, est aussi appelée la «thérapie du choix» : face à ses souffrances, ses doutes, ses empêchements, l’être humain garde sa part de liberté… La question n’est plus uniquement «pourquoi et comment cette souffrance s’est installée dans ma vie, et à cause de qui », mais aussi «qu’est ce que je vais en faire ?». Là, nous sommes pleinement dans notre responsabilité et notre liberté d’être humain.
La psychologie humaniste considère le symptôme comme le chemin d’accès au sens, sens que doit explorer le patient pour atteindre une plus grande compréhension de lui-même. Par exemple, nous ne nous focaliserons pas sur l’addiction, sa diminution ou son arrêt, mais sur les récits que nous nous racontons à propos de celle-ci. La disparition de cette addiction se fera naturellement en proportion de l’augmentation de la connaissance de soi-même.
La Thérapie Transpersonnelle :
Développée dans les années 70 aux États-Unis ( Malsow, Assagioli ,Grof), elle découle de la psychologie humaniste. Elle intègre le champ du corps dans la thérapie (travail du souffle, de la transe, de la créativité) et accepte la part mystérieuse résidant en chacun de nous, part que l’on peut appeler spirituelle. Ce mot «la spiritualité», si difficile à faire comprendre en France, ne se teinte d’aucune religiosité.
La psychologie Transpersonnelle pose le principe que la vie humaine, et les besoins de l’humain, ne se réduisent pas à ses aspects mécaniques, consuméristes ou matérialistes. Nous sommes tous, plus ou moins en conscience, en quête de sens. Le thérapeute considère son patient comme l’alliance d’un corps, d’un cœur, d’une pensée et d’une essence spirituelle plus vaste… Sans aucune induction de la part du thérapeute sur les «bonnes réponses spirituelles», il y a ouverture et création possible de ce chemin lors de la thérapie…. La Respiration Holotropique fait partie des outils utilisés dans le cadre de la Thérapie Holotropique, mais il en existe une grande variété… Chaque thérapeute transpersonnel s’est formé, suivant ses propres affinités, à une ou plusieurs méthodes transpersonnelles.
La Thérapie Existentielle
Elle est marquée par les recherches philosophiques allemandes, françaises et américaines du début du XX° siècle à nos jours. J’ai découvert la Thérapie Existentielle à travers mes lectures des livres du psychiatre américain Irvin Yalom, et j’ai pu «boucler la boucle» avec ma propre psychanalyse si teintée de philosophie !!
On y retrouve la question du sens de la condition humaine, de nos problèmes d’adaptation et d’interrogations sur l’existence. Ces questions existentielles sont génératrices d’angoisse : la mort, le deuil, la solitude archaïque, sont des interrogations auxquelles, thérapeute ou patient sommes obligatoirement confrontés. Ces questions font partie, sans exception, de l’expérience humaine. La Thérapie Existentielle met ces notions du «penser à vivre» au centre de la thérapie, car «certaines personnes sont exposées plus que d’autres à ces angoisses, parfois très tôt dans leur vie, ou parce qu’ils n’avaient pas la famille qui leur aurait permis d’acquérir la sécurité affective nécessaire à l’affrontement des épreuves et ils en sont submergés». I.Yalom
Nous parlons souvent dans mon cabinet des 4 axes de cette thérapie existentielle que sont la mort, la liberté, la solitude et le besoin de sens. Car de ces discussions naissent, notamment avec la créativité, de nouveaux possibles dans la vie personnelle et professionnelle. Elles sont encore plus nécessaires dans l’accompagnement d’endeuillés qui sont confrontés immanquablement à cette interrogation existentielle. Freud disait que tout endeuillé se trouve de nouveau confronté au choix de vivre, ou non…malgré l’absence…
La cohérence de ces trois thérapies
Ces trois approches thérapeutiques forment une cohérence car elles mettent l’être humain, en recherche de lui-même et de sa place dans la vie, au centre de la démarche thérapeutique. Le thérapeute devient alors un « facilitateur », un « accompagnant », et non celui qui sait pour l’autre ce qui est bon.
Son travail consiste souvent à dérouler un fil d’Ariane avec le patient, pour que celui-ci ne se perde plus dans son labyrinthe intérieur. Ensemble, nous voyons comment l’histoire personnelle vient se tisser avec les grandes questions de l’existence, qui habitent l’humain, son corps et sa psyché depuis la nuit des temps ! Ouvrir une fenêtre plus « vaste » permet peu à peu le détachement d’avec nos souffrances.
Mais la guérison de nos blessures est un cheminement complexe, avec des paliers, des impasses, des avancées, des découvertes… Le mot même de « guérison » est sujet à discussion : « peut-on guérir d’une enfance maltraitée, peut-on guérir d’un deuil majeur ? ».
Je suis convaincue que tout être humain possède en lui des ressources insoupçonnées et qu’il peut se relier, seul ou avec une aide, à un espace intérieur où liberté et force n’ont pas été atteintes.